Le travail aux longues rênes
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1 – la technique
A) Les aides et leur emploi
Les aides utiles pour les longues rênes sont, à peu de choses près, les mêmes que celles indispensables au travail à la longe. Elles sont au nombre de 4 :
- La voix
- La position du cavalier à pied par rapport à son cheval
(au centre tel le longeur, sur le flanc gauche ou droit du
cheval, derrière lui).
- La chambrière ou le stick de dressage.
- La main tenant les deux rênes (les rênes ne doivent pas
être encombrantes afin de ne pas gêner lors des différents
changements à effectuer).
B) Logique de progression
Premières séances :
Lors des premières séances, il est important d’avoir détendu son cheval au préalable que ce soit en longe ou même en liberté. Une fois la détente effectuée et le cheval disponible, le cavalier va devoir se placer à hauteur de la hanche de son cheval afin de le garder dans le mouvement en avant, la rêne extérieure passant sur le dos de la monture, et commencer la « conduite élémentaire ». Par « conduite élémentaire », on entendra « conduire le cheval en alternant de grandes courbes avec des lignes droites ». Une fois la « conduite élémentaire » acquise, on passera alors au changement de main. Attention toutefois que ceux ci risquent fort, dans un premier temps, de perturber le cheval car le cavalier à pied va devoir passer de l’autre côté et, de fait, il se retrouvera quelques instants dans « l’angle mort ». Cette absence soudaine accompagnée également du changement de position des rênes qui va, inexorablement, chatouiller la cuisse demande une relation de confiance préétablie. Dans le cas où le cheval viendrait prendre la fuite, une remise dans le calme sur le cercle serait de rigueur avant de reprendre le travail.
Travail approfondi :
Une fois les changements de main acquis ainsi que les figures de manège élémentaires telles que la demi-volte, demi-volte renversée, diagonale, serpentine etc… On va pouvoir commencer à aborder le travail latéral. A cette étape du travail du cheval aux longues rênes, on commencera par la cession sur le cercle, suivie de la contre-épaule en dedans puis de l’épaule en dedans, de la tête au mur et, enfin, de l’appuyer.
Il est important de toujours veiller à garder la symétrie et à effectuer chaque exercice aux deux mains. On ne passera au suivant qu’une fois le travail acquis des deux côtés.
Haute école :
Lorsque le travail latéral est acquis, on peut alors aborder les exercices dits de « Haute école » à savoir :
- les pirouettes au pas,
- le galop rassemblé,
- les préparations à la pirouette au galop,
- le piaffer,
- le passage.
Ces exercices ne sont, bien évidemment, pas à aborder avec n’importe quel cheval. La grande majorité des chevaux ne sera concernée que par le « travail approfondi ».
2 – Intérêt dans le dressage du cheval
A) Le jeune cheval
« Le travail aux longues rênes est un bon procédé de débourrage rapide entre les mains d’un homme de cheval adroit et expérimenté (…). L’avantage principal de ce travail sur celui à la longe réside dans la faculté qu’il laisse constamment au dresseur de sortir le cheval du cercle pour le porter en avant droit devant lui, notamment lorsqu’il cherche à se rapprocher du centre pour se mettre en arrière
de la main (…). C’est un acheminement commode pour commencer le rassembler ». DECARPENTRY
Comme le dit Decarpentry, les longues rênes permettent d’enrichir le débourrage en soumettant le cheval à une école des aides encore plus complète que celle utilisée à la longe tout en veillant à bien conserver le mouvement en avant.
B) Le cheval confirmé
Le travail aux longues rênes permet de poursuivre le travail du dresseur et d’affiner la mobilisation latérale ainsi que la qualité des transitions montantes et descendantes et inter ou intra-allures.
Par la suite, comme nous l’avons vu, certains dresseurs peuvent pousser le travail jusqu’au rassembler et aux airs de haute école car les longues rênes permettent, contrairement
C) A l’obstacle
Initiation du travail aux longues rênes à l’obstacle
On commencera par la même initiation que celle effectuée à la longe c’est-à-dire, avec des barres au sol. Par la suite, on surélèvera progressivement la barre tout en veillant à la place du dresseur qui devra rester légèrement en arrière de l’obstacle.
A noter qu’il est possible de débourrer un cheval à l’obstacle aux longues rênes avant qu’il ait eu un cavalier sur son dos car les conditions de contrôle sont sensiblement les mêmes à l’exception faite du poids du cavalier que la monture n’aura pas à supporter.
Travail approfondi
Une fois le cheval confiant dans son travail à l’obstacle, on pourra alors commencer à chercher à améliorer son style sur les barres ainsi que le contrôle à l’abord et à la réception en y intégrant des transitions.
D) Les inconvénients des longues rênes
Le travail aux longues rênes demande une «utilisation juste», du tact, de l’expérience et un apprentissage rigoureux. Dans le cas contraire, le respect de la main et le maintien de la confiance préétablie entre le dresseur et son cheval peuvent être diminués. La deuxième difficulté principal réside dans le « dosage »
de l’effort demandé car on peut vite demander un travail trop fatiguant physiquement et psychologiquement sans s’en rendre réellement compte. Enfin, il convient de veiller à ne JAMAIS emboutir le cheval dans le travail aux longues rênes car, dans ce cas, les exercices exécutés ne pourraient être alors considérés comme « juste », le dos ne pouvant fonctionner correctement avec une attitude « emboutie ». Il faut donc être vigilant à ne pas rester figé sur des mains qui ne cèdent jamais.
3 – Intérêt dans la formation du cavalier.
Le travail aux longues rênes ne doit raisonnablement pas apparaître avant le « galop 7 » dans la formation d’un cavalier. Comme pour la longe, c’est un travail qui permet d’observer la locomotion, qualité de déplacement, flexions tout en poussant le travail plus loin puisqu’il offre également
la possibilité de comprendre la locomotion des chevaux dans les déplacements latéraux.
D’autre part, les longues rênes apportent une notion de « contact » et « d’impulsion » et permettent au cavalier de développer une certaine maîtrise du « schéma corporel »
du cheval. Petit à petit, le dresseur va apprendre à anticiper chaque mouvement de sa monture.
Enfin, comme pour la longe, le travail aux longues rênes requiert un rapport de confiance entre le dresseur et son cheval et renforce donc leur complicité.
4 – Conclusion.
La longe et les longues rênes font donc partie de ce que l’on appelle le « travail à pied ». On peut y ajouter le travail en liberté, le travail en main, ainsi que le travail au pilier.
D’abord utilisées pour le débourrage des jeunes chevaux, la longe et les longues rênes peuvent également affiner le travail monté en favorisant un emploi du temps varié permettant de préserver également le moral du cheval à condition que ces séances soient réalisées avec sérieux.
Par Alizée Froment cavalière internationale
Photo Mr Philippe Karl et Odin aux longues rênes