18/01/2011

usage des rênes allemandes

Quelques avis sur l'usage des rênes allemandes
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Extrait de "Gymnase et Dressage" de M.Henriquet (Ecuyer français).


Les rênes dites allemandes ou coulissantes.
Fixées à la sangle, elles passent entre les antérieurs du cheval, coulissent dans les anneaux du filet, de l'intérieur vers l'extérieur, pour venir doubler les rênes de filet dans la main du cavalier. Moins stupides que la martingale parce qu'elles n'agissent presque plus lorsque la main du cavalier les lâche, elles n'en sont pas moins extrêmement contraignantes.Elles ne doivent être utilisées que par des cavaliers très adroits et dans des cas cliniques. Leur action doit être fugitive et presque toujours d'un côté à la fois, celui de la résistance et de la flexion recherchée. Leur efficacité dépend de la rapidité de la cession de la main qui reprend aussitôt le contact avec la rêne du filet. Les effets prolongés enferment les chevaux et les mettent définitivement en arrière de la main.


Extrait de "Equitation" de W.Müseler (Ecuyer allemand).


L'emploi de la rêne allemande peut présenter de graves inconvénients puisqu'en tirant trop fort, on attire la bouche du cheval sur le poitrail. Pour se servir de cette rêne, il faut un cavalier qui ait assez de tact pour reconnaître le moment où sa monture est bien dans les aides et qui, avant tout, sente que l'on peut alors pousser devant soi la bouche du cheval comme avec des rênes rigides. La rêne allemande entraîne à effectuer le ramener avec la main seule, sans que le cheval soit poussé d'arrière en avant, c'est-à-dire sans rassembler.
L'emploi des rênes allemandes est admissible à la condition que l'on s'en serve de temps en temps, mais en les soutenant constamment par des aides propulsives énergiques. Il faudrait ne s'en servir qu'au cas de résistances localisées dans l'encolure, la nuque ou les ganaches. La cession de la rêne extérieure, soutenue par une légère action de la main intérieure, provoque la décontraction du cheval.
L'action des rênes allemandes doit toujours être unilatérale. Un effet simultané des deux rênes comporte les risques énoncés plus haut. L'action d'une rêne exige la passivité ou la cession de l'autre. Les rênes allemandes deviennent inutiles quand le cheval s'est décontracté aux deux mains. Il est contraire aux principes du dressage classique d'utiliser de force cet enrênement pour obtenir un ramener ou un placer forcé, d'autant plus qu'avec ce procédé, on arrive à brève échéance à la rétivité du cheval. Si, au bout de quelques minutes, on n'a obtenu aucun résultat positif, il est inutile d'insister. Cela prouve généralement que l'on ne sait pas s'en servir. Il est prudent d'arrêter l'expérience immédiatement, parce que les difficultés ne peuvent que s'aggraver.


Extrait de "Propos d'un vieil Ecuyer aux jeunes Ecuyers" de N.Oliveira (Maître portugais).


Improprement appelées « rênes allemandes », les rênes coulissantes peuvent avoir des résultats bénéfiques sur certains chevaux, si l'on n'abuse pas de leur emploi, si l'on ne laisse pas le cheval lutter contre elles et si l'on ne les utilise pas systématiquement tous les jours. Le plus grand tort qui soit, c'est d'agir et d'oublier de céder quand le cheval a la position voulue. Celui-ci s'habitue alors à faire des forces contre les rênes coulissantes et leur action renforce et développe à l'envers la musculature de la partie inférieure de l'encolure. Par contre, si l'on emploie ces rênes de temps à autre sur les chevaux qui ont tendance à porter l'encolure trop haute ou à perdre leur placer dans les transitions d'allures, elles peu-vent être d'une grande aide dans le dressage à condition de les utiliser avec mesure et délicatesse, sans oublier de céder immédiatement après le résultat obtenu. Là encore, rien de systématique.
Elles peuvent être très nuisibles sur certains chevaux et c'est au cavalier de juger de l'utilité de leur emploi.
Elles ne doivent pas amener la tête vers l'arrière mais empêcher la nuque de se lever. Dans le premier cas, elles creusent le dos, dans le deuxième cas, et si elles cèdent immédiatement, elles empêchent le dos de se creuser. Il ne faut pas oublier que les Anciens les utilisaient déjà pour conserver la position du cheval avant qu'il ne soit confirmé. Ils les fixaient de préférence au caveçon. Même plus tard, dans le dressage du cheval, elles peuvent être employées très temporairement pour certains mouvements dans lesquels il coûte au cheval de garder son placer. Mais comme je l'ai déjà dit, il ne faut s'en servir que brièvement, avec la préoccupation constante de céder immédiatement quand le résultat est obtenu. Les théoriciens puristes qui ne sont pas capables de dresser n'importe quel cheval ont tendance à condamner leur emploi. Dans les mains d'un homme délicat, un couteau peut couper la viande en fines tranches, dans les mains d'un rustre, il peut faire des dégâts...


Extrait de "L'Equitation" de A.Podhajsky (ancien directeur de l'école deVienne).


Un autre expédient, que l'on ne doit utiliser que très prudemment, est constitué par les rênes coulissantes, telles qu'elles furent employées par le duc de Newcastle, considéré souvent comme leur inventeur. Mais le duc, ayant fait un usage assez violent de ces rênes extrêmement sévères, avait déjà perdu beaucoup de sa renommée parmi ses contemporains. Il faut donc insister particulièrement sur le fait que ces rênes - utilisables seulement lorsque le cheval est en filet - ne doivent être employées que par des cavaliers très habiles, afin de maintenir plus facilement, au cours d'exercices difficiles, une attitude déjà connue du cheval. Mais jamais elles ne doivent servir à l'obtenir par la force. Les rênes coulissantes sont fixées à la sangle par leur extrémité en forme d'anneau, puis elles sont passées dans les anneaux du filet, de dedans en dehors, avant d'arriver à la main du cavalier. En aucun cas il ne faut les passer de dehors en dedans; car si le cheval se mettait à pointer, elles ne pourraient pas glisser dans les anneaux assez rapidement et amèneraient, par suite, le cheval à se renverser. Lorsqu'il utilise ce moyen, le cavalier doit toujours penser que, par effet de levier, la tension des rênes coulissantes se trouve doublée. Elles agissent d'autant plus sévèrement que leurs extrémités à la sangle, sont fixées plus bas. En outre, le cavalier ne doit jamais oublier de faire agir en même temps les rênes de filet, parce que celles-ci remplaceront, au bout de peu de temps, les rênes coulissantes, dont l'action doit, progressivement, se faire sentir de moins en moins